Les Anciens Egyptiens avaient une idée très spécifique et bien à eux de concevoir la nature de l'homme. L'homme était pour eux fait de 5 choses:
Le corps h'C'est le corps physique, l'enveloppe charnelle. Il était crée par "la graine du père dans l'utérus de la mère", et était considéré comme "fait de divers morceaux", d'où l'utilisation du mot souvent au pluriel:
h'w (voir à la fin de l'article pour les mots additionnels). La partie la plus importante du corps était le coeur, car il était considéré comme le siège de la pensée, de la réflexion, des sentiments.. exactement comme notre cerveau de nos jours. Le coeur se dit
ib en ancien égyptien (voir à la fin de l'article pour les mots additionnels).
L'ombre SwtContrepartie du corps; comme chaque corps en projettait une, elle était considérée comme partie du corps: enveloppe donc, mais immatérielle.
Le baAttention, car le ba et le ka sont des concepts difficiles à appréhender, et les ouvrages de vulgarisation sont parfois mal informés et confondent ba et ka. Je vais reprendre la définition d'Allen (traduite par mes soins) dans son
Middle Egyptian: An Introduction to the Language and Culture of Hieroglyphs (Cambridge University Press): Le ba, c'est "tout ce qui donne à quelqu'un son individualité à part entière, SAUF le corps". C'est donc à la fois une "personnalité", une "âme", un "caractère"... C'est une partie qui survit après la mort, et qui est représentée très souvent comme un oiseau à tête humaine: l'âme qui s'envole hors du corps (au passage, cela ne vous évoque-t-il pas les projections hors du corps?
). Voir à la fin de l'article pour quelques photos et dessins de ba. A noter, le pluriel de ba, "baou", représente ce potentiel de "personnalité" d'un individu, son "charisme" en quelque sorte; de certains rois par exemple, il était dit qu'ils étaient "grands de baou". De même, les anciens égyptiens redoutaient la colère des "baou" des dieux, souvent représentés par des démons.
Le kaContrairement à ce que certains ouvrages de vulgarisation le disent, le ka n'est pas l'âme (qui serait le ba), mais en quelque sorte la "force vitale" de l'individu - mais c'est en réalité plus complexe que cela, car le ka survit après la mort; cependant, le ka est une partie de l'individu qui doit être nourrie. Le concept n'est en fait pas si éloigné que ça - en gros bien entendu - du concept de chi chez les asiatiques (tout au moins dans les arts martiaux). C'est pour ce ka que des offrandes étaient déposées pour les défunts: leur ka avait besoin, non pas de l'aspect matériel de ces nourritures, mais de leur énergie spirituelle. Il en allait de même pour les offrandes pour les statues des dieux dans le naos des temples. On rencontre d'ailleurs parfois le terme "kaou", pluriel de "ka", mais signifiant "énergie". (voir fin de l'article)
Le nom rnLe nom avait une importance bien, bien plus grande en Ancienne Egypte que de nos jours. Le nom était étroitement associé à la personne, et c'est pour cela qu'il devait survivre après la mort et être gravé, pour que le souvenir de la personne puisse demeurer éternel. Il était dit que connaître le nom d'une personne était pratiquement la connaître déjà toute entière. Cette association était si forte que l'on croyait dur comme fer qu'effacer le nom d'une personne avait un effet direct de destruction sur celle-ci; c'est le but que recherchaient ceux qui ont effacés le plus possible le nom d'Akhénaton ou le nom d'Hatshepsout de leurs monuments - de détruire leur mémoire, leur héritage, leur intégrité elle-même. Il était cru que les dieux possédaient plusieurs noms, parfois beaucoup, parfois énormément, l'expression "grand de noms" signifie: qui a trop de noms pour pouvoir les connaître tous. De plus, il était cru que chaque dieu avait également un nom secret qu'il gardait jalousement, qui était le nom le plus proche de sa divinité; vous connaissez peut-être cette histoire de la ruse d'Isis qui créa un serpent pour mordre Rê afin qu'il lui révèle son nom secret, en échange de quoi elle put le guérir, mais toute riche de cet immense savoir acquis - si vous ne connaissez pas ce conte, vous pouvez le trouver dans beaucoup d'éditions, depuis le petit
Contes de l'Egypte Ancienne dans la collection Etonnants Classiques de Garnier-Flammarion, jusqu'au plus complet ouvrage en 2 volumes de Claire Lalouette,
Textes sacrés et textes profanes de l'Ancienne Egypte, publication de l'UNESCO en association avec Flammarion.
Voici les hiéroglyphes de quelques mots supplémentaires vus dans cet article:
Et voici des images et représentations de l'oiseau-ba:
J'espère que cet article vous a plu et aura répondu à quelques-unes de vos questions; j'ai mis du temps à l'écrire en cette petite soirée. J'espère aussi qu'il permettra de corriger les erreurs ésotérico-fantaisistes que certains commettent en insistant pour tomber sur 7 parties de l'homme, histoire de faire 7 chakras ou 7 boules de cristal, parce que les gens aiment bien 7.