QU’ENTEND-ON PAR PIERRE PHILOSOPHALE ?
Cette question, si simple au premier aspect, est cependant assez difficile à résoudre. Ouvrons les dictionnaires sérieux, parcourons les graves compilations des rares savants qui ont daigné traiter ce sujet. La conclusion est assez facile à poser : « Pierre philosophale transmutation, des métaux, égale : ignorance, fourberie, folie. »
Si pourtant nous réfléchissons qu’en somme, pour parler draps, mieux vaut aller au drapier qu’au docteur ès lettres, l’idée nous viendra peut-être de voir ce que pensent les alchimistes de la question.
Or, au milieu des obscurités voulues, et des symboles nombreux qui rem plissent leurs traités, il est un point sur lequel ils sont tous d’accord, c’est la définition et les qualités de la pierre philosophale.
La pierre philosophale parfaite est une poudre rouge qui a la propriété de transformer toutes les impuretés de la nature.
On croit généralement qu’elle ne peut. servir, d’après les alchimistes, qu’à changer du plomb ou du mercure en or. C’est une erreur. La théorie alchimique dérive de sources bien trop spéculatives pour localiser ainsi ses effets. L’évolution étant une des grandes lois de la nature, ainsi que l’enseignait il y a plusieurs siècles l’hermétisme, la pierre philosophale fait évoluer rapidement ce que les formes naturelles mettent de longues années à produire ; voilà, pourquoi elle agit, disent les adeptes, sur les règnes végétal et animal, aussi bien que sur le règne minéral et peut s’appeler médecine des trois règnes.
La pierre philosophale est une poudre qui peut affecter plusieurs couleurs différentes suivant son degré de perfection, mais qui, pratiquement, n’en possède que deux, blanche ou rouge.
La véritable pierre philosophale est rouge. Cette poudre rouge possède trois vertus :
1° Elle transforme en or le mercure ou le plomb en fusion sur lesquels on en dépose une pincée ; je dis en or, et non en un métal qui s’en approche plus ou moins, comme l’a cru un savant contemporain (1).
2° Elle constitue un dépuratif énergique pour le sang et guérit rapidement, prise à l’intérieur, quelque maladie que ce soit.
3° Elle agit de même sur les plantes en les faisant croître, mûrir et fructifier en quelques heures.
Voilà trois points qui paraîtront bien fabuleux à beaucoup de gens, mais les alchimistes sont tous d’accord à ce sujet.
Il suffit, du reste, de réfléchir, pour voir que ces trois propriétés n’en constituent qu’une seule :
Renforcement de l’activité vitale.
La pierre philosophale est donc tout simplement une condensation énergique de la Vie dans une petite quantité de matière, et elle agit comme un ferment sur les corps en présence desquels on la met. Il suffit d’un peu de ferment pour faire lever, une grande masse de pain, de même, il suffit d’un peu de pierre philosophale pour développer la vie contenue dans une matière quelconque, minérale, végétale ou animale. Voilà pourquoi les alchimistes appellent leur, pierre : « Médecine des trois règnes. »
Nous savons maintenant ce qu’est cette pierre philosophale, assez pour en reconnaître la description dans une histoire symbolique, et là doivent se borner nos ambitions.
FABRICATION DE LA PIERRE PHILOSOPHALE.
Voyons maintenant sa fabrication.
Voici quelles sont les opérations essentielles :
Tirer du mercure vulgaire un ferment spécial appelé par les alchimistes mercure des philosophes.
Faire agir ce ferment sur l’argent pour en tirer également un ferment.
Faire agir le ferment du mercure sur l’or pour en tirer aussi du ferment.
Combiner le ferment tiré de l’or avec le ferment tiré de l’argent et le ferment mercuriel dans un matras de verre très solide et en forme d’œuf, boucher hermétiquement ce matras et le mettre à cuire dans un fourneau particulier appelé par les alchimistes athanor.
L’athanor ne diffère des autres fourneaux que par une combinaison qui permet de chauffer pendant très longtemps et d’une façon spéciale l’œuf susdit.
LES COULEURS.
C’est alors (pendant cette cuisson), et alors seulement, que se produisent certaines couleurs sur lesquelles sont basées toutes les histoires alchimiques. La matière contenue dans l’œuf devient d’abord noire, tout semble putréfié ; cet état est désigné par le nom, de tête de corbeau. Tout à coup, à cette couleur noire succède une blancheur éclatante. Ce passage du noir au blanc, de l’obscurité a la lumière, est une excellente pierre de touche pour reconnaître une histoire symbolique qui traite de l’alchimie. La matière ainsi fixée au blanc sert à transmuter les métaux impurs (plomb, mercure) en argent.
Si on continue le feu, on voit cette couleur blanche disparaître peu à peu, la matière prend des teintes diverses, depuis les couleurs inférieures du spectre (bleu, vert) jusqu’aux couleurs, supérieures (jaune orangé), et enfin arrive au rouge rubis. La pierre philosophale est alors presque terminée.
Je dis presque terminée, car à cet état 10 grammes de pierre philosophale ne transmuent pas plus de 20 grammes de métal. Pour parfaire la pierre, il faut la remettre dans un œuf avec un peu de mercure des philosophes et recommencer à chauffer. L’opération, qui avait demandé un an, ne demande plus que trois mois, et les couleurs reparaissent dans le même ordre que la première fois.
A cet état la pierre transmue en or dix fois son poids.
On recommence encore l’opération. Elle ne dure qu’un mois, la pierre transmue mille fois son poids de métal.
Enfin on la fait une dernière fois, et on obtient la véritable pierre philosophale parfaite, qui transmue dix mille fois son poids de métal en or pur.
Ces opérations sont désignées sous le nom de multiplication de la pierre.
Source: CINQUANTE MERVEILLEUX SECRETS D’ALCHIMIE.
PAR
G. PHANEG
PROFESSEUR A L’ECOLE HERMETIQUE DE PARIS
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